Historique de la pépinière Paul Croix
C'est à Adrien Sénéclauze (1802-1871), éminent botaniste et horticulteur émérite, que nous devons la création en 1819 à Bourg Argental (42) d'un Etablissement horticole qu'il élève rapidement au premier rang parmi ceux de France et de l'étranger grâce à sa passion des végétaux et particulièrement des conifères dont il est le premier à pratiquer à grande échelle le bouturage. Il introduit en 1840 le cèdre de l'Atlas et crée en 1854 un pinetum pour « livrer à la pleine terre les espèces les plus rares et les plus précieuses. » qu'il va étudier inlassablement pour publier en 1867 une « Monographie descriptive et raisonnée de la collection complète des conifères tant indigènes qu'exotiques cultivés dans l'établissement horticole de Adrien Sénéclauze à Bourg Argental ».
Ses compétences et l'importance de ses cultures sont telles qu'il se voit confier la mission, par ordonnance royale, de reboiser les Monts du Lyonnais et le Massif du Pilat alors pratiquement à l'état de landes mais également « d'établir en 1866 un rideau d'arbres résineux au lieu-dit « La République » pour retenir les neiges qui obstruent chaque année cette route au grand détriment des voyageurs. »
Cependant, sa passion et sa curiosité d'esprit insatiable le poussent vers tout ce qui est nouveau en matière de végétaux , peut-être stimulé par les grandes expéditions botaniques conduites par Robert Fortune, David Douglas et bien d'autres. Il voyage en Europe pour recueillir « toutes les variétés méritantes », établit des relations dans tous les pays et se fait envoyer par ses correspondants des graines de nombreuses espèces du Japon, de Chine, de l'Himalaya, de Mandchourie, du Mexique...qu'il va acclimater pour les proposer ensuite à sa clientèle. C'est en 1855 que, dit-il, les collections sont au grand complet et lui valent la médaille d'or à l'Exposition universelle. Il invite à Bourg Argental de nombreux botanistes et horticulteurs « qui ne peuvent croire à la richesse de ses cultures et s'émerveillent devant une multitude de plantes rares et jusqu'alors inconnues. » Le nombre et la variété des végétaux qu'il met à la vente et que nous révèlent ses catalogues sont stupéfiants tant en fruitiers, arbres forestiers, conifères qu'en rosiers,pivoines en arbre dont « il a la plus riche collection qui existe comprenant toutes les variétés d'Europe et les nouvelles introduites par Robert Fortune sans parler de ses obtentions dont la célèbre « Joséphine Sénéclauze » ou « Triomphe de Bourg Argental ».
Outre la Monographie sur les conifères citée plus haut, Adrien Sénéclauze est l'auteur de plusieurs publications horticoles sur la plantation, l'entretien et la taille du mûrier, sur les plantations d'arbres résineux, l'urgence du reboisement, les inondations et les moyens de les prévoir et différents rapports sur les cultures horticoles de son établissement qui lui vaudront de très nombreuses récompenses.
Membre de plusieurs sociétés savantes, ses écrits nous révèlent un personnage débordant d'énergie et d'enthousiasme comme le révèle cette introduction à son catalogue de 1846 « Les progrès innombrables de l'horticulture... l'introduction des végétaux les plus remarquables de tous les points du globe, et surtout le goût si universellement répandu des jardins et des fleurs, ont élevé de nos jours cette culture au rang d'une des principales industries ; oui, l'horticulture a bien définitivement conquis un nom parmi les beaux arts, j'oserais même dire que, sous plusieurs rapports, elle s'est constituée au nombre des sciences.
Dans l'intime conviction de ce prochain résultat, je n'ai reculé ni ne reculerai devant aucun sacrifice pour porter et maintenir mon Etablissement essentiellement progressif et producteur au point où il s'est élevé. »
Après sa mort plusieurs pépinièristes se succèderont dont Elie Séguenot, Pierre Sibille et Paul Croix en 1956 qui ajoutera aux activités de la pépinière sa passion des roses. C'est dans ce cadre prestigieux que ses talents de créateur de roses s'épanouiront pour donner naissance aux très belles créations que nous pouvons admirer encore actuellement.