Le Cèdre du Liban (Cedrus libani)
Emblème vénérable de la Pépinière et de la Ville de Bourg-Argental, son « démontage », en octobre 2011, a suscité une vive émotion dans la région. Ce « gardien des souvenirs » a révélé son état à la suite de violentes bourrasques de vent qui ont provoqué plusieurs fissures à la base des branches. Malgré sa vigueur apparente et les soins dont il était l'objet régulièrement, ce géant était victime d'un champignon xylophage virulent !
Il mesurait alors 9,66 mètres de circonférence, 48 mètres de hauteur et couvrait une superficie de 1400 m2. 180 tonnes de bois ont été évacuées. Ce fut le « cœur de la pépinière » mais pas seulement le seul trésor !
Voici ce qu'en dit Adrien Sénéclauze :
« Notre cèdre du Liban, issu de notre premier semis de cette espèce en 1827 et placé à demeure en 1830, peut être regardé, relativement à son âge, comme un des plus remarquables pour son accroissement rapide , surtout en grosseur ; âgé aujourd'hui de 30 ans, il mesure...(Adrien Sénéclauze n'a rien indiqué) de circonférence à 1 mètre du sol et … de hauteur ; ses branches nombreuses, très grosses, affectent la forme verticale, s'élèvent presque à la hauteur de la flèche et donnent ainsi à l'arbre la forme d'une pyramide écrasée ; il a perdu depuis l'époque de sa plantation sept fois sa flèche terminale que nous avons rétablie artificiellement. Les rameaux et ramilles s'étendent horizontalement. Mais ce qui caractérise principalement ce beau cèdre, c'est la teinte glauque qui recouvre presque entièrement les feuilles et qui devient comme farinacée au printemps ; alors, c'est un véritable c. argenté. Les fleurs mâles ont paru pour la première fois en 1850 et depuis se montrent chaque année en grande abondance. Les premiers cônes datent seulement de 1857 au nombre de cinq, d'une belle grosseur ; ils sont aussi recouverts d'une teinte glauque et contiennent probablement des graines fertiles...
Le sujet dont il est ici question fut placé à demeure en 1829, à l'angle d'un massif et à la jonction de deux sentiers de la pépinière ; dans un terrain formé de débris de roches granitiques ou siliceuses et d'un mélange d'humus, sans aucune apparence de calcaire, à un mètre au plus de profondeur, le sous-sol est composé entièrement de sable et de cailloux. Un mélèze avait été planté en même temps de l'autre côté de l'allée où il prit un accroissement encore plus rapide que le cèdre, auquel il devint bientôt nuisible par le contact de ses rameaux étalés. Parvenu en peu d'années à 12 mètres de hauteur, il étouffait la végétation de son voisin, il en est résulté une légère inclinaison du cèdre dans le sens opposé au mélèze ; nous avons abattu ce dernier en 1836, au grand profit du cèdre. »
Le Cèdre du Liban hybride du Cèdre deodara (Cedrus libani 'Hybrida deodara E. CS)
« Voici un fait que nous tenons à constater : Un fort pied de cèdre du Liban, semé par nous en 1827, lequel s'élève actuellement à 17 mètres 80 cent., avec une circonférence de 3 mètres 25 cent., était resté presque stérile jusqu'en 1865 ; mais au printemps de 1866 nous en avons recueilli prés de 200 cônes fertiles et bien conformés, dont les graines ont été immédiatement semées.
Quel a été notre étonnement en reconnaissant dans les jeunes sujets provenant de ce semis un certain nombre de Cèdres Deodara purs, à tige allongée et réclinée au sommet, à feuilles longues et glauques, enfin avec tous les caractères de cette espèce. La majeure partie réunit les caractères mixtes des deux parents, et une autre fraction se rapproche du C. libani. Les diverses formes se sont de plus en plus accentuées en 1867 par l'accroissement des jeunes tigelles, et aujourd'hui il ne nous reste aucun doute sur l'origine mixte de ces Cèdres que nous conserverons avec tous les soins possibles dans la prévision d'y rencontrer des formes toutes nouvelles. Mais quelle est la cause de cette production hétérogène ?
A 36 mètres de distance de notre Cedrus libani est planté un fort C. deodara, qui n'a pas encore produit de cônes ; il fut couvert en 1865 d'une énorme quantité de chatons mâles, dont le pollen porté par les vents produisait parfois d'épais nuages de couleur de soufre.
C'est donc ainsi qu'ont été fécondés en grande partie les cônes naissants de notre C.du Liban. »
( Extrait du Catalogue monographique de la Famille des Conifères de A. Sénéclauze)