L'Hybridation
Dans le courant du mois de juin, en fonction des conditions climatiques, certains rosiers de la Pépinière se voient parés de bien étranges petits sachets en papier suscitant une vive curiosité chez les visiteurs qui donnent libre cours à leur imagination pour en expliquer la présence ! C'est tout simplement le signe visible que Dominique et Jacques ont commencé l' hybridation qui permettront peut-être la création de la rose dont ils ont rêvé...
La technique de l'hybridation
Pour créer une nouvelle variété de rose, il est indispensable, et c'est ici déjà que l'expérience et l'observation sont nécessaires, de choisir des géniteurs de qualité. La rose possédant à la fois des organes mâles et femelles, le choix va s'opérer selon les principes généraux suivants :
- Le rosier « mère » va apporter la force, la vigueur et la végétation.
- Le rosier « père », celui qui fournit le pollen, va apporter d'une façon plus générale les éléments caractéristiques de la fleur.
On va donc utiliser les étamines, parties masculines, pour polliniser le pistil, partie féminine de la rose. Les étamines se recueillent après avoir enlevé les pétales et libèrent le pollen après quelques jours passés dans un lieu sec.
Sur le rosier « mère » on choisit un bouton dont on va ôter les pétales et les étamines pour ne conserver que le pistil que l'on va laisser quelques heures enfermé dans un sachet, le temps qu'il devienne visqueux et prêt à recevoir le pollen que l'on dépose alors avec un pinceau.
On dispose alors un sachet pour préserver l'ensemble de toute intervention extérieure que l'on ferme avec une étiquette portant le nom du rosier « mère » et du rosier « père ».
Le fruit qui se développe ensuite est recueilli avant les premières gelées et vidé de ses graines qui, après un passage au réfrigérateur, sont semées en serre et minutieusement répertoriées.
C'est le début d'une longue aventure d'une dizaine d'années au cours desquelles, à côté de la sélection naturelle, interviennent les sélections successives et sévères de l'hybrideur qui, d'observations en observations, ne conserve que le rosier répondant à toutes les exigences de qualité.
Il ne reste plus qu'à lui trouver un nom... En ce qui nous concerne, à la suite de Paul Croix, nous estimons, d'une façon générale, et chaque fois que c'est possible, que cette création, telle une œuvre d'art, mérite un nom poétique qui saura stimuler l'imagination et faire rêver : « Tendre mystère », « Rêve d'un soir », « Rire d'enfant », « Sagesse de lune »... Ces appellations poétiques s'inspirant soit d'un caractère bien particulier du rosier, soit d'un événement marquant survenu lors de sa création, soit de l'image qu'a fait naître la première fleur dans l'esprit de son créateur...
Il arrive cependant que certaines roses soient choisies pour être dédiées à une personne ou pour évoquer un lieu comme cela a été le cas ces dernières années : « Anne Talau », « Floradiane », « Paul Croix », « Rose de Bagnoles de l'Orne »...
Chaque rose créée a son histoire et sa personnalité. Tour à tour « Reine des fleurs », « Courtisane », « Fontaine aux souvenirs » ou « Rose sans pourquoi », elle est la clef des rêves de chacun pour peu que l'on s'accorde le temps de la contempler.
Greffage